Ta mort nous laisse un goût d’inachevé.
Ta voiture est garée devant notre portail, sur le bord du chemin qui mène à la maison. Nous vous attendions, toi et Herman, pour passer quelques jours ensemble. En partant de Bergerac en vélo, vous deviez nous rejoindre à Dieulefit. Puis, il était question de faire quelques visites en Drôme provençale, à la recherche d’une belle demeure. Vous aviez le projet d’acquérir un domaine à restaurer, avec Hélène et Frank, pour en faire un lieu de villégiature. Un endroit harmonieux où il fait bon vivre et recevoir. On vous y voyait déjà, Hélène, Frank, Herman et toi, en hôtes chaleureux, façon comtesse de Provence et châtelains gentlemen-farmers, du bon gîte et de la bonne table...
En France, tu cherchais un endroit où jeter l’ancre, un concept sans doute lié à ton patronyme. Tu touchais au but, tu étais presque arrivé à destination, à quelques encablures du vallon parfumé de lavande et bruissant de cigales. Mais sur la route qui t’y menait, tu as largué les amarres pour d’autres rivages. Dommage (c’est l’euphémisme qui me vient à l’esprit pour ne pas être grossier et injurier le ciel) !
Il y a une paire d’années, suite à un mail dans lequel je t’avais joint une annonce immobilière, tu m’as fait cette réponse :
« Ha Christophe, merci ! C’est vraiment une jolie maison avec des vues fantastiques. Et juste dans l'endroit qu'on explore.
Très gentille que tu penses à nous quand tu trouves une bon opportunité comme l'un aujourd'hui. Maintiendra comme ça !
Merci et dit bonjour à Sophie et tous les autres.
By the way, we enjoyed our encounter very much a couple of weeks ago.
Should repeat that more often.
Au revoir et merci hein !
Bram »
Un goût d’inachevé, je te dis, comme si la vie n’avait pas su tenir ses promesses jusqu’au bout. Comme si le sort avait voulu nous laisser en bouche un sentiment mêlé de frustration et de tristesse, comme une colère qui ne peut éclore, coincée dans sa coquille d’amertume et d’impuissance.
En tout cas, si tout cela a un sens, tu le connais désormais, et j’aime croire qu’en quittant la vie tes pensées furent proche de :
« Should repeat that more often.
Au revoir et merci hein !
Bram »